Light ou Full MVNO, c'est l'histoire d'un grand dilemme. Tout opérateur mobile virtuel (voir la définition d'un MVNO) doit faire face à un choix cornélien : quelles parts de la chaîne de valeur prendre en main ? Doit-on tendre vers une intégration totale ?
Pour rappel, la chaîne de valeur d’un opérateur mobile pourrait se diviser en trois grandes parts :
• L’infrastructure radio (Radio Access Network): le réseau d’antenne est le socle de toute communication mobile. Il relie nos smartphones à internet via les ondes radios. Le RAN représente un investissement colossal, auquel seuls les plus gros acteurs peuvent prétendre.
• Les services télécoms: c'est le cœur du savoir-faire télécoms. Il s'agit ici de gérer des cartes SIM et router des appels, des SMS, de la data. Il faut aussi négocier des accords commerciaux avec un maximum d'opérateurs (les "interconnexions") pour réduire les coûts.
• La relation client : applications et interfaces, service client, facturation, gestion des appareils utilisateurs, vente et marketing.
Par nature, les MNOs (Mobile Network Operators), opérateurs historiques, ont généralement commencé par créer un réseau d'antennes. Evidemment, ils ont ensuite intégré le reste de la chaîne.
Les MVNOs (Mobile Virtual Network Operators) quant à eux, peuvent décider d'intégrer une plus ou moins grande partie de la chaîne. Etant virtuels, ils n'ont pas de réseau d'antenne et reposent sur un MNO pour cela. En revanche, ils peuvent:
- Se concentrer sur la relation client: c'est le modèle LIGHT MVNO.
- Intégrer relation client ET services télécoms: c'est le modèle FULL MVNO.
Qu’est-ce qu’un Light MVNO?
Un « MVNO Light » confie à son opérateur hôte la gestion opérationnelle du réseau pour se concentrer sur la relation client : vente, service client, marketing…
Ce modèle permet de créer un opérateur mobile sans en supporter les coûts d’infrastructure. Il est particulièrement pertinent lorsque la force de l'aspirant MVNO est le marketing. Ce fut souvent le cas lorsque des marques de grande distribution ont voulu lancer une offre mobile (comme Auchan, Leclerc, Tesco, Aldi...). Grâce au modèle light, elles ont pu faire jouer leur base client existante, tout en n'ayant pas à intégrer le savoir-faire télécoms. A l'autre bout du spectre, un entrepreneur peut, quant à lui, facilement lancer une offre mobile de niche sans gros investissement de départ. Ce fut dernièrement le cas de la start-up belge Neibo, qui a lancé une offre mobile responsable sur le réseau d'Orange. Découvrez plus d'exemples de MVNO dans notre livre blanc "Le mobile Autrement - 17 MVNOs inspirants".
Qu’est-ce qu’un Full MVNO?
Un « Full MVNO », lui, intègre la gestion de la plateforme téléphonique. C’est-à-dire qu’il crée un cœur de réseau avec sa propre infrastructure (sur un HLR propre). Son périmètre est donc plus étendu, sa capacité technique aussi. Il est capable de gérer librement ses cartes SIM, les flux d'appels, de sms ou de data. Il gère aussi les accords commerciaux avec les autres opérateurs... En somme, le « Full MVNO » est maître de son vaisseau, sa seule dépendance envers le MNO est qu'il exploite son réseau d’antennes.
Ce modèle correspond bien aux projets mobiles de grande ampleurs. Il peut aussi intéresser un MVNO light déjà établi, qui souhaiterai gagner en indépendance.