C’est un dilemme vieux comme les télécoms ! Comment garantir une libre-concurrence dans un marché des télécommunications où seuls les grands opérateurs maîtrisent l’infrastructure?
Ces derniers temps, la question revient au galop dans l’hexagone ! Aujourd'hui, ce sont 45 opérateurs qui demandent justice !
En effet, ces 45 opérateurs se sont réunis sous la bannière de l'AOTA (Association des Opérateurs Télécoms Alternatifs) pour saisir l’autorité de la concurrence. Ils reprochent à l’opérateur historique français , Orange, de progressivement construire un monopole sur la fibre optique.
Fort de 3 milliards d’investissement depuis 2015, Orange comptabilise déjà plus de 20 millions de kilomètres de fibre et représentait en 2018 70% de la construction de fibre en France. Les zones denses commençant à être couvertes, Orange a d’ailleurs accentué son déploiement sur les zones peu denses avec +40% d’investissement en 2018.
Un monopole en marche selon l’AOTA !
Ces 45 acteurs, souvent de petite taille et spécialisés dans le B2B et les zones peu denses, réclament un accès libre au marché de la fibre optique. Ils reprochent à Orange d’abuser de sa position d’opérateur historique et déplorent qu’il leur soient impossible de proposer des offres commerciales à la hauteur de celles d’Orange.
Le premier moyen qu'ils mettent en avant? séparer les activités d’orange entre infrastructure et service. Cela éviterait, selon eux, toute collusion et permettrait de mieux garantir l’accès au réseau à toute la concurrence.
La question ne se limite d’ailleurs pas à la France.
Au Royaume-Uni, BT a déjà isolé son activité d’infrastructure depuis plus de 10 ans. En 2006, sous l’impulsion d’OfCom, l’opérateur britannique avait créé sa filiale Openreach. Cette scission avait pour visée directe de garantir un accès plus égal à la concurrence.
A contrario, l’Agcom (organe régulateur italien) n’a pas abondé aux demandes de séparation des activités de Telecom Italia. Ce malgré les récentes relances du fond Elliot envers Vivendi, actionnaire majoritaire de Telecom Italia.
Ce dilemme hante donc les télécoms depuis plus d'une décénnie: comment faire porter aux grands opérateurs les investissements d’infrastructure nécessaires, tout en garantissant la libre-concurrence ? S’ils en portent le coût, pourquoi ne jouiraient-ils pas librement des bénéfices ? Réponse: parce que les enjeux sont conséquents. Tout d’abord, il s’agit de garantir aux consommateurs des tarifs compétitifs et une certaine qualité de service. Or, ces deux éléments sont menacés dans une situation de monopole. Ensuite, au plus long terme, il est question du modèle de financement de l’innovation, et donc du progrès. Comment faire porter au secteur privé les coûts d’un investissement majeur (comme la fibre ou la 5G) tout en en maîtrisant l’usage commercial ?
Au delà de la fibre, la question se pose pour tout le spectre des télécoms : réseau fibré, téléphonie fixe et, bien sûr, téléphonie mobile.
Au monde des télécoms de trouver la réponse.