L'accessibilité est un droit.

"Combien de fois mon téléphone a-t-il sonné alors que j’étais impuissante face à cet outil que tout le monde maîtrise aujourd’hui ? Je ne pouvais pas répondre car je ne comprenais pas ce qui se disait dans ce combiné."

Sophie est sourde. Pour elle, décrocher le téléphone a longtemps été une épreuve.

 

Sa situation soulève une question majeure : la connectivité est-elle un droit ?

A l’ère de l’hyper-digitalisation, voilà une problématique qui se pose partout dans le monde. Les handicaps sont des barrières à la télécommunication et à la pleine utilisation des nouvelles technologies, pourtant si répandues. Pour être plus précis, dans le cas de Sophie, la question posée est plus celle de l’utilisation du téléphone pour les sourds et malentendants.

 

En cette fin d’année 2018 la France a marqué sa volonté d’avancer vers plus d’accessibilité et vers un droit à la connectivité. Tout du moins, elle a tranché sur deux points : l’accessibilité des services clients et la mise en place de solutions de communications accessibles.

Premièrement, à compter du 8 octobre 2018, les entreprises de plus 250 millions de chiffre d’affaires doivent fournir un service d’accessibilité téléphonique dans le cadre de leur service client.
D’autre part, les opérateurs de solutions de communication électronique ont été poussés à la mise en place d’une solution de téléphonie accessible. Grâce au concours de la FFT (fédération française des télécoms), les principaux opérateurs ont convergé pour financer un bien beau projet : la start-up « Roger Voice ».

roger voice screenshots

Il aura fallu un peu de temps!

RogerVoice est une application permettant d’échanger avec un interlocuteur de deux manières : soit par retranscription textuelle de la voix soit par l’intermédiaire d’un interprète en langue des signes (via une vidéo). Un client sourd ou malentendant peut donc joindre un service client et voir par écrit les paroles du conseiller (ou demander l’aide d’un interprète).

Olivier Jeannel décida de lancer RogerVoice en 2011. Sourd depuis ses 2 ans, il travaille à l’époque pour Orange (premier opérateur français) et ne pouvait paradoxalement pas passer d’appels lui-même. 2011 fut l’année de sortie de Siri, révolution qui fit réaliser à Olivier que la reconnaissance vocale pouvait changer la donne.

La reconnaissance vocale pourrait-elle lui permettre d’appeler partout dans le monde ?

Pourrait-elle lui permettre de prendre seul un rendez-vous chez le dentiste sans demander d’aide à sa petite amie ?

La réponse se fera attendre sept ans, mais elle fut à la hauteur. En 2018, tout se débloque. Accompagné des plus grands opérateurs français, Olivier et RogerVoice relèveront désormais le défi de rendre accessible la téléphonie aux 500 000 sourds de France. Evidemment, Olivier n’en oublie pas le reste du monde pour autant, en regardant aujourd’hui vers le Canada.

En aparté : le reste du monde n’est d’ailleurs pas en reste. Partout, des solutions fleurissent et des sociétés fournissent de nouvelles technologies d’accessibilités, comme Pedius au Royaume-Uni ou AvaScribe dans toute l’Europe de l’Ouest.

Sophie, quant à elle, salue la révolution RogerVoice sur son blog (où elle a pris la plume pour décrire les aléas de la vie d’une malentendante) et n’hésite pas à dire que l’application a « changé sa vie ».

"Voice is not dead": the place of phone calls in moder customer relationship

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